Après la vague d’innovations dans les paiements et les services digitaux, le défi africain n’est plus seulement technologique. Il devient structurel : comment bâtir une interopérabilité réglementaire permettant aux acteurs de naviguer sans obstacles entre les marchés ? La problématique autrement formulée par la Licorne africaine Wave fait référence à la « Conformité sans friction : accélérer la croissance panafricaine grâce à une régulation intelligente ». C’est le thème qui a sous tendu le Side event organisé par la fintech , le 3 novembre 2025 à Casablanca (Maroc), en marge de la 5 édition 2025 de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS) et qui a recentré le débat sur l’essentiel : la régulation comme moteur de confiance et d’intégration. 
   
Une problématique qui lève le voile sur la fragmentation réglementaire à laquelle se heurterait la régulation et le développement des fintechs en Afrique de l’Ouest. Chaque pays applique ses propres règles en matière de licences, de conformité ou de protection des données. Résultat : les acteurs régionaux doivent reproduire les mêmes démarches administratives et techniques dans chaque marché, multipliant les coûts et les délais.
    
La facture cachée de la fragmentation réglementaire
   
Derrière le dynamisme affiché du secteur fintech en Afrique de l’Ouest, se cache un casse-tête coûteux : celui d’une réglementation morcelée et jugée inégale.
   
Chaque pays de l’UEMOA appliquerait ses propres règles en matière de licences, de conformité ou de lutte contre le blanchiment. Résultat : les acteurs régionaux doivent répéter les mêmes procédures administratives, audits et intégrations techniques d’un marché à l’autre.
   
À cela s’ajoutent des normes de conformité disparates, qui compliquent encore la tâche des opérateurs. Ce qui est validé au Sénégal peut exiger une refonte complète en Côte d’Ivoire ou au Mali.
   
Et faute d’une infrastructure eKYC commune — ce système électronique de vérification d’identité pourtant essentiel — chaque fintech doit bâtir son propre dispositif d’identification et de contrôle des clients.
   
Entre développements techniques, équipes de conformité et processus de validation redondants, la facture se chiffrerait en millions de dollars chaque année. Un coût qui freine l’expansion régionale des fintechs et limiterait leur capacité à réduire les tarifs pour les utilisateurs.
   
Pour beaucoup d’acteurs, la solution est désormais claire : il faut harmoniser la régulation et mettre en place une plateforme eKYC régionale qui mutualiserait les efforts.
« L’Afrique n’a pas un problème de créativité fintech, elle a un problème de cohérence réglementaire », résume un expert du secteur.
  
				 Une problématique qui lève le voile sur la fragmentation réglementaire à laquelle se heurterait la régulation et le développement des fintechs en Afrique de l’Ouest. Chaque pays applique ses propres règles en matière de licences, de conformité ou de protection des données. Résultat : les acteurs régionaux doivent reproduire les mêmes démarches administratives et techniques dans chaque marché, multipliant les coûts et les délais.
La facture cachée de la fragmentation réglementaire
Derrière le dynamisme affiché du secteur fintech en Afrique de l’Ouest, se cache un casse-tête coûteux : celui d’une réglementation morcelée et jugée inégale.
Chaque pays de l’UEMOA appliquerait ses propres règles en matière de licences, de conformité ou de lutte contre le blanchiment. Résultat : les acteurs régionaux doivent répéter les mêmes procédures administratives, audits et intégrations techniques d’un marché à l’autre.
À cela s’ajoutent des normes de conformité disparates, qui compliquent encore la tâche des opérateurs. Ce qui est validé au Sénégal peut exiger une refonte complète en Côte d’Ivoire ou au Mali.
Et faute d’une infrastructure eKYC commune — ce système électronique de vérification d’identité pourtant essentiel — chaque fintech doit bâtir son propre dispositif d’identification et de contrôle des clients.
Entre développements techniques, équipes de conformité et processus de validation redondants, la facture se chiffrerait en millions de dollars chaque année. Un coût qui freine l’expansion régionale des fintechs et limiterait leur capacité à réduire les tarifs pour les utilisateurs.
Pour beaucoup d’acteurs, la solution est désormais claire : il faut harmoniser la régulation et mettre en place une plateforme eKYC régionale qui mutualiserait les efforts.
« L’Afrique n’a pas un problème de créativité fintech, elle a un problème de cohérence réglementaire », résume un expert du secteur.
Un frein à la scalabilité et à la rentabilité 
   
Le « frein » le plus coûteux reste l’absence d’une infrastructure eKYC (electronic Know Your Customer) commune. Faute de base d’identité numérique partagée, chaque fintech doit concevoir son propre dispositif de vérification, souvent redondant et coûteux. Ces efforts dupliqués représenteraient des millions de dollars par an, en dépenses de conformité, de technologie et de personnel.
   
« Le eKYC c’est l’étape primaire d’accès au service financier de mobile money, donc c’est une étape cruciale », selon Madame Awa Gueye Ba, Directrice régionale des politiques publiques de Wave.
   
Exemple concret : Wave, présent au Sénégal, en Gambie , en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays, « doit parfois soumettre des dossiers différents à chaque régulateur, alors que ses produits sont identiques. Cela crée des coûts dupliqués (temps, ressources, consultants, conformité locale) », indique Mme Coura Sène, Directrice régionale de la marque.
   
Ailleurs, dans les marchés développés, il existe souvent des plateformes nationales eKYC (ex : base d’identité numérique reliée aux banques, télécoms, etc.). En Afrique, dans beaucoup de pays, ces systèmes n’existent pas encore ou ne sont pas interopérables.
   
Résultat : chaque fintech (comme Wave, Orange Money, Free Money…) doit créer son propre système d’identification, vérifier chaque client séparément, et répéter ces processus à chaque ouverture de compte ou expansion dans un nouveau pays.
   
Toute chose, si l’on en croît les acteurs, de nature à empêcher les fintechs de croître rapidement à l’échelle régionale (chaque pays devient un “projet séparé”) ; de réduire les coûts unitaires (chaque dollar investi doit être répété plusieurs fois) ; et parfois, de rendre les services plus chers pour les clients finaux, malgré leur modèle inclusif.
    
La bonne nouvelle
   
Certes le Sénégal est plutôt bien positionné mais dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, le gap serait tel que moins de la moitié de la population a accès à l’identification. Or, « quand on n’a pas accès à l’identification, on ne peut pas aller plus loin dans les services financiers », souligne Mme Gueye-Ba qui au demeurant, se félicite de l’indulgence de la Bceao de permettre d’ « on boarder » des clients sans pièce d’identification, jusqu’à une certaine limite.
   
Globalement en Afrique, le eKYC est un enjeu majeur car les populations sont souvent non bancarisées et dispersées géographiquement ; les réglementations varient fortement d’un pays à l’autre ; dans un contexte africain plus large, l’enjeu du eKYC harmonisé serait de permettre à toutes les fintechs et banques du continent de reconnaître et accepter les identités vérifiées d’un autre pays, facilitant ainsi le déploiement transfrontalier et sécurisé des services financiers.
   
Pour les acteurs du secteur, la solution passe par une interopérabilité régionale accrue et la mise en place d’une plateforme eKYC mutualisée au niveau de l’UEMOA.
La bonne nouvelle, c’est que « La règlementation est en train d’évoluer à travers la nouvelle Instruction BCEAO 2025 qui vise à ouvrir une porte au eKYC, même si pour l’heure, l’identification se fait toujours physiquement », confie Mme Gueye-Ba.
   
En guise de recommandation, elle plaide pour une approche pragmatique de la conformité, fondée sur les profils de risque et adaptée aux réalités locales, tout en restant compatible avec les standards internationaux.
   
L’enjeu ne semble en tout cas plus être de multiplier les solutions, mais de construire des ponts de conformité entre elles, afin de garantir un marché financier panafricain à la fois sûr, fluide et inclusif.
Adou FAYE
  
				 Le « frein » le plus coûteux reste l’absence d’une infrastructure eKYC (electronic Know Your Customer) commune. Faute de base d’identité numérique partagée, chaque fintech doit concevoir son propre dispositif de vérification, souvent redondant et coûteux. Ces efforts dupliqués représenteraient des millions de dollars par an, en dépenses de conformité, de technologie et de personnel.
« Le eKYC c’est l’étape primaire d’accès au service financier de mobile money, donc c’est une étape cruciale », selon Madame Awa Gueye Ba, Directrice régionale des politiques publiques de Wave.
Exemple concret : Wave, présent au Sénégal, en Gambie , en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays, « doit parfois soumettre des dossiers différents à chaque régulateur, alors que ses produits sont identiques. Cela crée des coûts dupliqués (temps, ressources, consultants, conformité locale) », indique Mme Coura Sène, Directrice régionale de la marque.
Ailleurs, dans les marchés développés, il existe souvent des plateformes nationales eKYC (ex : base d’identité numérique reliée aux banques, télécoms, etc.). En Afrique, dans beaucoup de pays, ces systèmes n’existent pas encore ou ne sont pas interopérables.
Résultat : chaque fintech (comme Wave, Orange Money, Free Money…) doit créer son propre système d’identification, vérifier chaque client séparément, et répéter ces processus à chaque ouverture de compte ou expansion dans un nouveau pays.
Toute chose, si l’on en croît les acteurs, de nature à empêcher les fintechs de croître rapidement à l’échelle régionale (chaque pays devient un “projet séparé”) ; de réduire les coûts unitaires (chaque dollar investi doit être répété plusieurs fois) ; et parfois, de rendre les services plus chers pour les clients finaux, malgré leur modèle inclusif.
La bonne nouvelle
Certes le Sénégal est plutôt bien positionné mais dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, le gap serait tel que moins de la moitié de la population a accès à l’identification. Or, « quand on n’a pas accès à l’identification, on ne peut pas aller plus loin dans les services financiers », souligne Mme Gueye-Ba qui au demeurant, se félicite de l’indulgence de la Bceao de permettre d’ « on boarder » des clients sans pièce d’identification, jusqu’à une certaine limite.
Globalement en Afrique, le eKYC est un enjeu majeur car les populations sont souvent non bancarisées et dispersées géographiquement ; les réglementations varient fortement d’un pays à l’autre ; dans un contexte africain plus large, l’enjeu du eKYC harmonisé serait de permettre à toutes les fintechs et banques du continent de reconnaître et accepter les identités vérifiées d’un autre pays, facilitant ainsi le déploiement transfrontalier et sécurisé des services financiers.
Pour les acteurs du secteur, la solution passe par une interopérabilité régionale accrue et la mise en place d’une plateforme eKYC mutualisée au niveau de l’UEMOA.
La bonne nouvelle, c’est que « La règlementation est en train d’évoluer à travers la nouvelle Instruction BCEAO 2025 qui vise à ouvrir une porte au eKYC, même si pour l’heure, l’identification se fait toujours physiquement », confie Mme Gueye-Ba.
En guise de recommandation, elle plaide pour une approche pragmatique de la conformité, fondée sur les profils de risque et adaptée aux réalités locales, tout en restant compatible avec les standards internationaux.
L’enjeu ne semble en tout cas plus être de multiplier les solutions, mais de construire des ponts de conformité entre elles, afin de garantir un marché financier panafricain à la fois sûr, fluide et inclusif.
Adou FAYE

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